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NGC 0104 vs NGC 5139

NGC 104  T508  BL 2012 06 23 NGC 5139  T508  BL 2004 06 17

Object information

Nom de l’objet : 47 Tuc versus Omega Centauri
Type de l’objet : Globular Clusters
Magnitude : 4.00 (NGC 104) vs 3.70 (NGC 5139)
Ascension droite : (NGC 5139) 13h 27m 03s
Déclinaison : 47° 30′ 28" S
Constellation : CEN

Observations Details

Date de l’observation : 17 juin 2004 22:10 UT
Durée de l’observation : 45 min
Position de l’objet : Alt: 40.3°, Az: 226.7°
Conditions météo : J+++ t~20° V1-2  N+++ [20h V0 t+8°] & [03h t+2° hu60%
Conditions de l’observation : mvlonZ(Crv)>7.3VI5!! T0 P0 S(Mz)1/100 (C11)1-2/220!!
Lieu d’observation : Namibie Tivoli
Instrument : TN 508 Dobson Tivoli
Oculaire principal : Televue Nagler 12mm Type 2
Barlow : (None)
Grossissement : 212x

Notes

Ce billet ne correspond ni à “1 observateur et 2 diamètres”, ni à “1 diamètre et 2 observateurs”, les deux seules comparaisons d’un objet que j’ai prévues à l’origine de la conception de mon site internet. En fait il s’agit ici de “2 objets” et de ‘’”plusieurs diamètres” pour “1 observateur”. Mais cette comparaison correspond bien à un cas exceptionnel, puisqu’il s’agit des deux plus beaux amas globulaires du ciel, et de loin, NGC 104 / 47 Tuc et NGC 5139 / Omega Centauri. Pour ne pas créer une rubrique spécifique, il seront classés dans “1 observateur / 2 diamètres”.

Cette comparaison m’a semblé pertinente car ces deux amas ne peuvent pas être plus différents, à part leur diamètre photographique (et non visuel). Je reprends ma description in situ: Omega est un monstre et 47 Tuc est un joyau. Pour être aussi précis que possible, j’ai repris mes comptes rendus à la LC 80 Megrez, au TSC 280 Celestron 11, et enfin au Dobson Obsession TN 508. Mes observations s’étalent de 2004 à 2012; on pourrait objecter que les conditions d’observations ont pu varier, et que, de ce fait, les comparaison ne sont pas pertinentes. Mais outre que les instruments sont identiques pour les deux amas, toutes les observations ont été faites à Tivoli, Namibie; or les ciels de Tivoli se suivent et se ressemblent, et restent à un niveau exceptionnel. Les conditions d’observation ci-dessus sont celles de 2004.

Enfin, je rappelle les trois zones visuelles d’un amas globulaire, de l’extérieur vers le centre:

– zone des périphériques: les étoiles se détachent sur un fond noir, et sont suffisamment espacées pour pouvoir être individualisées.

– zone de fourmillement: c’est une zone intermédiaire où les étoiles sont de plus en plus nombreuses, rendant visuellement leur individualisation de plus en plus difficile, et le fond devenant de plus en plus laiteux.

– zone de scintillement: dans cette zone les étoiles se montent les unes sur les autres, comme un amoncèlement de points brillants sur un fond de points brillants.

Les deux dessins en haut de page n’étant pas à la même échelle, je les ai repris ci dessous et homogénéisé à échelle identique. Les descriptions se suivent pour chaque diamètre, celles d’Omega en caractères droits et celle de 47 Tuc en italique.

 

47 Tuc  vs  Omega Cent  T508  BL Tivoli 2012 & 2004

 

Oeil nu

Omega est évident, comme une étoile de m estimée 3.5v, d’aspect flou évident. Ce flou a une surface, il n’est pas ponctuel. La Voie lactée, entre le Centaure et la Caréne, a une richesse et une luminosité extraordinaire, sans commune mesure avec celle du Cygne.

47 Tuc est évident, vu comme une étoile de m estimée 4 à 4.5v (sans le connaitre)

 

LC 80

x14 Pan 35mm  C’est énorme ! La brillance de M13 au T254, mais la résolution en moins. Les périphériques apparaissent déja en VI, et il y en a des myriades, à la limite. D ~ 18 à 20′. Gradient évident, mais pas de centre prononcé. Couleur blanc laiteux.

x25 Lanthanum LVW 20mm  l’objet est toujours énorme, mais la vision change: a) c’est une boule, l’aspect 3D est évident. b) la couleur est blanc-légèrement bleuté, càd totalement opaque dès que D < 10′. c) les périphériques vues au Pan 35mm sont en fait des périphériques lointaines, ou des étoiles de fond de champ, de 11ème et 12ème. d) dans la zone 10′ < D < 20′, le halo est granuleux, et faiblit linéairement.

x71 Nagler 7mm l’amas est partiellement résolu. a) Pour D > 15′, il n’y a pratiquement plus de fond laiteux, mais uniquement des périphériques. Mais, en pratique, aucune n’est positionnable et dessinable. b) pour 15′ < D < 10′, la densité de périphériques individualisées (mais toujours indessinables) est la même jusqu’à D ~ 10′, mais le fond laiteux augmente régulièrement. c) pour D < 10′, il y a encore des périphériques, mais plus difficiles, et moins denses, en raison de la brillance du fond. Au total, pour tout l’amas, il y a environ entre 50 et 100 périphériques, observables mais non dessinables.

En VI éloignée, l’amas est à la limite de la résolution totale. Il est vu comme une myriade de lueurs individuelles soupçonnées, mais pas comme des piqures, par manque de brillance. La couleur est la même qu’avec LVW 20mm: blanc bleuté. 

 

x104 Nagler 4.8mm  l’amas est brillant, concentré, avec un fort gradient. Il n’est pas complètement résolu, mais il est "granuleux fin", comme s’il était extrêmement riche et dense en étoiles.

 

TSC 280

x104 Pan 27mm  Un des grands moments d’astronomie, du niveau de M42 ou M51 au T1000. Je ne peux pas grossir plus, si je veux conserver un peu de fond noir autour, et encore, ce fond est le domaine des périphériques lointaines qui débordent du champ. Je n’ai jamais autant vu d’étoiles en même temps, beaucoup plus que M13 au T1000. C’est inimaginable. Il y a autant d’étoiles dans la zone de scintillement qu’à l’extérieur de celle ci.

En fait, la densité d’étoiles individualisées croit régulièrement vers le centre, quelque soit la densité laiteuse du fond. Une nouvelle fois: c’est inimaginable. L’impression de 3D, c’est à dire une boule et non un disque, est frappante.

x140 LVW 20mm C’est encore plus extraordinaire. La densité de piqures est encore plus grande, incommensurable. Ces piqures sont peu étagées: m12 à 13(?) et +. Je peux difficilement donner un diamètre aux trois zones traditionnelles, car il n’y a pas de fond laiteux, mais un fond constitué uniquement de piqures plus ou moins denses. Néanmoins mon dessin indique et précise:

– zone 1 (scintillement): d1 ~ 3′, – zone 2 (fourmillement): d2 ~ 10′, – zone 3 (périphériques): le reste du champ, donc = ou > 30′

Il y a plusieurs "taches sombres" dans la zone 1. Dans ces zones, la densité de piqures diminue, et elles (les zones) apparaissent moins lumineuses, un peu comme les taches solaires, mais leur delta L ( différence de luminosité avec les zones adjacentes) est beaucoup plus faible, ~ 2, dans l’échelle des L de 1 à 10. Il y a 3 taches qui sont bien individualisables; leurs dimensions sont de l’ordre de 30" ou 1′, avec des excentricités 1 < a/b < 2. La tache la plus détachée, notée A sur mon dessin, a environ 45" x 30, est se trouve à 2′ du centre, en PA ~ 25°. Dans la zone 3, des périphériques lointaines, il y a plusieurs alignements d’étoiles dans le sens radial, plus ou moins rectilignes, à partir du centre de l’amas, comme des éjectâts d’un cratère, Il y en a d’autres, qui ne sont pas radiaux. Mais ils sont tous peu détachés, beaucoup moins que ceux de M13.

x400 Nagler 7mm Ca dépasse l’imagination ! Il semble qu’il y ait plus d’étoiles que de nodules à la surface du soleil. On perd la notion de 3D, et on survole une surface plane. Les taches sombres sont encore plus évidentes. La tache A est bordée d’étoiles brillantes tout le long de sa circonférence ovale, et donne exactement l’impression et l’aspect de Platon, et ses murailles. Un grand moment.

 

x80 Panoptic 35mm La vision confirme ma description de la Mz 80, faite sans avoir préalablement reconnu l’amas au C11. L’amas est extrêmement riche. Le centre est concentré, et le gradient est "au carré", c’est à dire que la densité d’étoiles n’augmente pas linéairement, mais de plus en plus prononcé vers le centre, qui de ce fait est proéminent dans l’aspect visuel de l’amas.

La zone de scintillement est petite, d1 ~ 1.5′, et TRES brillante. Le halo n’est pas laiteux, mais complètement résolu, avec une densité extraordinaire d’étoiles sur fond noir, d2 ~ 5′. Au delà, la zone des périphériques s’étend jusqu’à D ~ 15 à 18′. L’amas, dans son ensemble, est nettement moins "gros" que Omega Cen, mais il est très esthétique par son "suddendly brighter middle", et les périphériques, qui triplent le halo.

Pour moi, Omega est un monstre, et 47 Tuc est un joyau.

 

TN 508

x73 Pan 35mm

Parce qu’il laisse un peu d’espace autour, c’est à ce G que l’amas n’est peut être pas le plus impressionnant, mais peut être le plus beau. A ce G, le seeing est S=1, et l’image est figée, immobile. Il n’y a aucune agitation de perceptible.

L’amas courbe l’espace: le centre s’avance vers l’observateur, exactement comme quelqu’un qui se trouverait sur un filet de Trampoline aussi serré que les mailles d’un bas nylon, chaque maille étant une petite lumière. Et, sur ce filet, exactement à la verticale et au dessus de l’observateur, une grosse sphère créerait un creux dans le filet, comme une courbe de Gauss en 3D.

x212 Nagler 12mm Avec cet oculaire, les périphériques débordent du champ, et il reste la zone de fourmillement. Il n’y a pas de zone de scintillement, c’est à dire que l’amas n’est visuellement constitué que de points, ( le fond est constitué par d’autre points, et non pas par une luminosité laiteuse ).

Au total, toutes ces étoiles ne sont pas disposées arbitrairement, car on constate un très grand nombre (c’est à dire un nombre incomptable) de chaines d’étoiles. Les étoiles de ces chaines ont des magnitudes très peu étagées, donc toutes les étoiles d’un chapelet ont presque la même grosseur, et la même brillance, m12v +/- 1v.

On remarque aussi plusieurs zones sombres dans la partie E de l’amas. Ces zones sont +/- ovales, de d ~ 2′ x 1′ environ. L’impression de sombre provient de ce que la densité d’étoiles brillantes est moindre qu’ailleurs dans ces zones. Il n’en reste pas moins que: – le nombre de "chapelets", ou de chaines, est incomptable, – le nombre d’étoiles dépasse l’entendement, – et que cela remplit tout le champ !

 

x73 Pan 35mmm  L’image est plus que piquée: elle est scotchée, immobile, sans aucune agitation. Ce qui caractérise NGC 104, c’est d’abord la beauté pure de l’objet.

Mais, "mesurablement", c’est la présence d’un centre extrêmement concentré, et dont la brillance augmente brusquement par rapport à la zone immédiatement externe, qui est l’élément dominant. Sur ce centre brillant, scintillent des étoiles brillantes. La densité des étoiles dans NGC 104 est impressionnante (plus que dans Oméga Centauri). Avec l’Obsession 20", et le Pan 35mm, NGC 104 est un pur joyau.

x121 Ethos 21mm  C’est probablement le plus bel amas globulaire du ciel. Indescriptible; un joyau. Je grossis pour résoudre.

x159 Nagler 16mm C’est une photo immobile d’un objet incroyable, impossible à décrire, peut être le plus beau du ciel: un milliard de diamants qui s’entassent. La concentration devient incroyable dans la zone centrale, extrêmement concentrée par rapport à l’ensemble. D ~ le diamètre du champ, soit 30′. d(centre) ~ 3′, +/- 1′, car on peut faire varier intellectuellement cette limite tellement la concentration est grande.

x212 Nagler 12mm  Le nombre d’étoiles augmente encore ! Il semble que plus on grossisse, et plus on découvre d’étoiles, un nombre qui donne une idée de l’infini. A ce G, le centre est moins concentré qu’avec le Pan 35mm, et plus étendu. La perception de 3D est aussi atténuée.

x423 Ethos 6mm  Ce qui est étonnant, c’est que la zone de scintillement (donc sur fond non noir) est très réduite, entre 3 et 4′ (?). Mais même dans cette zone on reste sur du fourmillement extrêmement dense. Juste à l’extérieur de la zone de scintillement, il y a une double orangée, A*, m10 – 11v. [Note 2012 08 25: A* est HJ 3363. Cette double, notée sans la connaitre, est très intéressante car elle est située à 50" du centre de l’amas, et confirme donc exactement mon appréciation du diamètre de la zone de scintillement – voir ci dessous]

Je ré-observe après notes. Je suis précis pour les dimensions:

– zone de fourmillement (fond laiteux): 3.5 < < 4.0′

– zone de scintillement (fond brillant): 1.5 < < 2.0′

– au delà, le fond est noir (je dis bien noir), mais la densité d’étoiles est absolument incroyable. Pour le dessin, il va me falloir 8 jours, mais ça devrait valoir le coup ! Les étoiles notées autour de PGC 1536 montrent que toutes les étoiles de l’amas sont vues jusqu’à m 16.8/17.0V. PGC 1536 est au mieux soupçonnée, malgré beaucoup d’effort. A* HJ 3363, m11.0-11.7V, rho = 7.6"

x508 Nagler 5mm  L’image est quasi immobile !!! La structure de l’amas apparait: presque toutes les étoiles ne sont pas disposées au hasard, mais suivant des chaines, plus ou moins longues, plus ou moins courbes. Ainsi, ce n’est pas un milliard de diamants qui s’entassent, mais dix mille morceaux de chapelets de diamants. C’est tout simplement époustouflant. (Note 2006 10 23: cette structure en chapelets n’avait pas été notée en 2004. Probablement parce que nous n’avions pas assez grossi. Nous = Marc Césarini et moi)

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